L'Océanie: ...Océan parsemé d'îles...




La moins peuplée des cinq «parties du monde», l'Océanie regroupe la plupart des terres émergées du Pacifique, à savoir le continent australien et la Tasmanie, la Nouvelle-Zélande, la Mélanésie, la Polynésie et la Micronésie. Les circonstances historiques de sa découverte par les Européens ont fait naître, à la suite des voyages de Cook et de Bougainville, le mythe célèbre, et discutable, des «îles heureuses» peuplées de «bons sauvages». La guerre du Pacifique révéla l'intérêt stratégique de ces archipels, dont beaucoup sont aujourd'hui indépendants. L'Océanie est un «continent» insulaire fragile, en cours de modernisation, et aux paysages très divers. La variété des situations sociales et économiques, les contrastes dans les équilibres démographiques et politiques sont tels qu'il n'y a pas un «modèle» océanien, mais une infinité de réalités.

Géographie physique
À l'exception de la Micronésie, qui s'étire essentiellement au nord de l'équateur, les îles de l'Océanie se dispersent dans les eaux chaudes de l'hémisphère Sud et sur la marge occidentale du Pacifique, océan qui donne à la région son identité et son unité géographique. Bien des aspects font de cette partie du monde une forme de prolongement maritime de l'Asie tropicale.

Géologie
Le fond de l'océan Pacifique est constitué de plaques lithosphériques mobiles et de densités différentes. Elles dérivent depuis la dorsale médio-océanique, où remonte un magma en fusion qui, en se solidifiant, crée une croûte repoussant latéralement les plaques vers la périphérie, autrement dit vers les continents émergés. Dans le cas de l'Océanie, la plaque Pacifique vient buter à l'ouest sur la plaque indo-australienne, qu'elle surmonte à la vitesse de 5 à 10 cm par an. À l'est, la plaque Nazca migre lentement pour venir s'enfoncer sous les Andes. La structure du Pacifique ressemble ainsi à un énorme «tapis roulant» faisant diminuer chaque année sa superficie. Si le mouvement tectonique est peu décelable au centre des plaques, le choc de ces dernières contre les croûtes continentales est, en revanche, très sensible.

Les îles de la ceinture de feu du Pacifique s'étendant de la Nouvelle-Guinée à l'archipel de Vanuatu (ex-Nouvelles-Hébrides) subissent de nombreux effets de la subduction océanique: éruptions volcaniques, tremblements de terre, tsunamis (raz de marée sous-marins d'origine sismique). Une instabilité similaire se retrouve sur la bordure orientale, le long de la fosse du Chili. D'autres îles, parfois volcaniques, émergent au centre de l'océan, comme en témoignent le volcan actif d'Hawaii ou les volcans éteints de Tahiti, des Marquises et de l'île de Pâques. Ce phénomène s'explique par l'existence de «points chauds», endroits où la remontée ponctuelle de coulées magmatiques perce la croûte océanique mouvante et donne naissance par accumulation des laves, sur des hauteurs de 6 000 m ou plus, selon la profondeur de l'océan à des chapelets d'îles. Celles-ci sont ensuite colonisées par des coraux et des madrépores qui se développent en auréoles autour d'elles.

Les types de relief
Les grandes îles océaniennes situées en bordure des plaques forment une région marginale caractérisée par la présence de roches volcaniques andésitiques. La variété des paysages et la complexité des structures géologiques transforment ces îles en de véritables petits continents. Les plus grandes, témoins d'ensembles plus vastes qui se sont effondrés, ont des montagnes assez élevées, à l'image des «Alpes» du sud de la Nouvelle-Zélande (3 754 m au mont Cook) ou des hautes terres du centre de la Nouvelle-Guinée (4 000-5 000 m). Les «îles hautes», grandes ou moyennes (quelques dizaines de milliers de kilomètres carrés), forment les «grandes terres» des archipels océaniens: Nouvelle-Calédonie (16 750 km2), Bougainville (10 600 km2), Nouvelle-Bretagne (35 000 km2). Les petites îles, en revanche, dominent dans l'Océanie centrale. Inférieure à 1 000 km2, leur superficie n'est parfois que de quelques hectares. Les formations coralliennes prenant appui sur un soubassement volcanique immergé prédominent autour des «îles basses». Dans le cas des atolls, les îles se réduisent à de simples anneaux de sable entourant un lagon qui communique avec l'océan par des passes. Des régions entières ne sont formées que d'atolls: Carolines, Marshall, Tuamotu. Leurs sols sont généralement squelettiques et peu fertiles.

Climat et végétation
Les archipels océaniens sont en grande partie situés dans la zone tropicale humide. Ils bénéficient d'un climat souvent agréable et d'une température moyenne relativement constante (entre 24 °C et 27 °C). Les précipitations, assez abondantes, sont irrégulièrement réparties dans le temps et dans l'espace. Les alizés humides du sud-est apportent la pluie sur les côtes «au vent», tandis que les côtes protégées, dites «sous le vent», peuvent présenter des cas de sécheresse. Les îles hautes, où les reliefs accrochent les nuages, bénéficient généralement de pluies de convection. Toujours redoutés, les cyclones tropicaux se forment au cours de l'été austral, de décembre à mars. Les vents peuvent alors dépasser 150 km/h et être à l'origine de pluies diluviennes (jusqu'à 1 900 mm en quelques jours). Avec le déferlement de houles cycloniques, les atolls courent fréquemment le risque d'être submergés.

L'isolement de l'Océanie explique les caractères originaux de sa faune et de sa flore. Si les «grandes îles» de l'ouest du Pacifique abritent encore de nombreuses espèces végétales (5 000 sont recensées en Nouvelle-Calédonie), dont beaucoup sont endémiques, les petites îles du Centre et les atolls s'avèrent être d'une grande pauvreté floristique. La faune, également pauvre, semble à l'origine s'être limitée aux chauves-souris et aux oiseaux: le chien, le porc et le rat, arrivés avec les premiers habitants océaniens, viennent comme eux d'Asie du Sud-Est.

Population
En dehors de l'Australie, les îles océaniennes sont peuplées par près de 10 millions d'habitants. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande abritent respectivement 4,1 et 3,5 millions d'habitants, l'archipel d'Hawaii 1,1 million, les îles Fidji 800 000. Les densités de population sont généralement faibles: 3 h./km2 en Australie, un peu plus de 12 pour le Vanuatu et la Nouvelle-Zélande, presque 130 pour les îles Tonga. Les petites îles polynésiennes et micronésiennes de l'Océanie centrale, moins peuplées en chiffres absolus, connaissent des densités de population beaucoup plus élevées. Dans les atolls micronésiens, plusieurs centaines d'habitants peuvent se concentrer au kilomètre carré.


Croissance démographique
La faiblesse numérique du peuplement dissimule des contradictions: les grandes îles de l'Ouest sont peu peuplées, les petites îles du Centre le sont presque trop. Il en découle des problèmes sociaux et des situations économiques qui entraînent des mouvements migratoires de plus en plus prononcés, notamment du centre du Pacifique vers sa périphérie. La croissance démographique des îles pacifiques est rapide. Certains pays mélanésiens enregistrent 3,4 % d'accroissement annuel et des taux de natalité dépassant 34, comme à Vanuatu, aux îles Salomon et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les îles et les archipels de l'Océanie centrale connaissent une croissance plus modérée; le solde est parfois négatif en raison des migrations qui vident certaines îles (Cook, Niue).

Urbanisation et migration
Dans chaque archipel, la croissance de la capitale tend à attirer des flux de population toujours plus importants. Les villes du Pacifique, relativement petites, excepté Honolulu (365 000 h.), n'en sont pas moins prépondérantes si on rapporte leur population à celle des pays ou des territoires qu'elles commandent. L'agglomération de Papeete (Tahiti) compte 103 000 h., contre 206 000 pour l'ensemble de la Polynésie française; la ville de Nouméa rassemble 65 000 des 174 000 h. du territoire néo-calédonien, îles Loyauté incluses. Dans tous les cas, on compte une seule grande ville par archipel et par État: la macrocéphalie de la capitale est donc la caractéristique principale du type d'urbanisation de cette partie du monde. Les grandes villes doivent leur croissance à une migration humaine mal maîtrisée, en grande partie alimentée par les jeunes ruraux que les lumières de la ville attirent. Les quartiers périphériques de Port Moresby (Papouasie-Nouvelle-Guinée) sont parmi les plus dangereux du monde. Papeete est également confrontée au problème des banlieues mal structurées, où les immigrants récents ont submergé les anciens villages ruraux.

Dans le monde océanien, la migration vers les villes et l'étranger fait figure de soupape de sécurité. L'émigration touche principalement la population trop dense des îles polynésiennes et micronésiennes. La Nouvelle-Zélande, l'Australie et, dans une moindre mesure, la Nouvelle-Calédonie sont les principaux pôles d'attraction des réseaux migratoires océaniens.

Les États
Les îles et les archipels océaniens sont divisés en entités politiques aux statuts juridiques divers, allant de l'État indépendant au territoire ou à la province intégrée dans un ensemble plus vaste. Cette situation est un héritage de la période coloniale et du partage du Pacifique au XIXe siècle.

Les États indépendants, au nombre de treize, rassemblent 94 % des habitants de la région. D'autres États insulaires exercent leur souveraineté dans le cadre d'une association avec un plus grand pays: les îles Cook et Niue sont, par exemple, librement associées à la Nouvelle-Zélande; les îles Palau et Mariannes le sont aux États-Unis. Leurs autorités s'en remettent partiellement à Washington pour la politique extérieure et totalement pour ce qui touche à la défense. Fait appréciable pour des petits pays, parfois sans aucune ressource, leurs ressortissants peuvent librement entrer et résider dans les grands États avec lesquels ils sont associés.

Les territoires non souverains mais dotés d'autonomie interne constituent une catégorie intermédiaire. C'est le cas de la Polynésie française, de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna, dont les habitants sont citoyens français. Des gouvernements locaux, des assemblées territoriales y légifèrent et énoncent les lois. Guam (îles Mariannes) appartient aussi à cette catégorie: cette «grande terre» micronésienne est un «territoire non incorporé» des États-Unis, et dont les habitants sont citoyens américains. Quelques petites îles, vestiges oubliés d'empires coloniaux, subsistent encore, comme les possessions de Tokelau (Nouvelle-Zélande), Norfolk (Australie), Pitcairn (Royaume-Uni) ou encore l'atoll inhabité de Clipperton (France). Certaines îles sont «intégrées» à un autre pays, telles les îles Hawaii, 50e État des États-Unis depuis 1959, et l'île de Pâques, à l'extrémité orientale de l'Océanie, considérée par le Chili comme une province extérieure.

Malgré la diversité de leurs statuts politiques, les pays et territoires océaniens sont réunis dans des organisations régionales. La Commission du Pacifique Sud, basée à Nouméa, cherche ainsi à promouvoir le développement économique et social de la région. L'accession à l'indépendance des États insulaires a conduit à créer à Wellington, en 1971, un Forum du Pacifique Sud, au sein duquel sont débattus les problèmes politiques de la zone.

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